Une relation avec un robot, ça se travaille !
Une relation
avec un robot,
ça se travaille !
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claudel rheault
Designer UX
Havas Montréal
Nous vivons une drôle d’époque : les robots et assistants vocaux en tous genres se taillent une place grandissante dans notre quotidien et nos foyers. Selon une étude de Havas, 22 % des hommes et 16 % des femmes estiment qu’ils pourraient développer des relations amicales et même amoureuses avec des robots. Pourtant, il n’y a aucune réciprocité de sentiments (pour le moment) entre nous et l’intelligence artificielle (IA). À l’heure où les exemples phares d’IA sont majoritairement des objets de curiosité, comment arriverons-nous à mettre en place les bonnes conditions pour que puissent se développer ces relations nouvelles avec les machines ?
ÉTAPE 1
Bien définir les besoins utilisateur
La technologie n’est pas une fin en soi, elle doit être un moyen d’arriver à résoudre une problématique réelle. L’IA est souvent envisagée comme un substitut de l’humain, mais concrètement, elle est surtout une extension de nos capacités. Nos assistants vocaux n’ont pas de conscience d’eux-mêmes ou d’émotions, mais ils viennent nous simplifier la vie. C’est justement ici que le rôle du designer peut prendre une grande place.
Contrairement au design graphique, le design d’expérience utilisateur (UX) s’intéresse aux interactions entre l’utilisateur et un produit ou service. En intégrant le designer UX tôt dans le processus de conception d’une IA, le designer peut placer les perspectives humaines au cœur de l’expérience à développer, afin de bien comprendre à qui l’on s’adresse et dans quel contexte.
ÉTAPE 2
Passer de la commande à la relation
Siri, Alexa et Google Home deviennent des alliés dans l’accomplissement de tâches quotidiennes. Au-delà de la voix, il y a aussi les aspects émotionnels qui seront rapidement à considérer. Lorsque l’on imagine nos interactions avec des robots, on envisage souvent la commande en premier.
Selon le contexte d’utilisation et l’apparence des robots, il sera presque naturel de développer un attachement envers eux. Après tout, nous avons déjà le réflexe d’attribuer des qualités humaines aux animaux et même de nous attacher à des objets auxquels nous associons des souvenirs. Le rôle du designer sera ici de bien anticiper la façon dont les relations avec les robots pourront se développer et de se soucier des enjeux éthiques qui s’y rattachent. Les designers, développeurs et chercheurs qui construisent des robots devront nécessairement augmenter leur niveau de littératie émotionnelle.
ÉTAPE 3
Définir un cadre éthique
Considérant que les systèmes intégrant l’intelligence artificielle sont constamment en apprentissage, il sera capital de suivre leur évolution et de s’assurer qu’ils ne perdent pas le nord.
Dans ces circonstances, le design comporte son lot de nouveaux défis. Comment anticiper les besoins humains à l’aide des robots et offrir le bon service au bon moment? Quels outils seront utilisés pour répertorier les différentes interactions possibles avec un robot? Comment envisager l’impact de ce nouveau genre de relations personne-machine, que l’on peine encore à cadrer?
En voyant un robot devenu raciste en quelques heures, ou plus récemment Alexa qui s’est permis de rigoler toute seule sans avertissement, l’importance de mieux cadrer ces nouvelles technologies devient évidente. Le design UX aura un rôle de premier plan dans ce terrain de jeu émergent. Après tout, plus il y aura une diversité de professionnels qui participeront à leur développement, plus nous aurons de chances de créer des systèmes d’IA qui sont pertinents et réellement intelligents.
Dessiner l’avenir
Déjà, Amazon offre des emplois comme designer d’aptitudes pour Alexa, designer de conversations, architecte vocal, psychologue de robots. Nous verrons certainement émerger des spécialisations nouvelles qui ne sont pas nécessairement issues de formations générales. Les designers et développeurs doivent déjà s’adapter aux algorithmes et apprendre à travailler dans un tout nouveau terrain de jeu. À nous de rester proactifs pour définir les métiers de demain, et ne pas laisser les algorithmes avancer sans bride pour les diriger.
CLAUDEL RHEAULT
Détentrice d’un baccalauréat en communication de l’Université de Montréal et d’une maîtrise en design d’interaction de l’Université Laval, Claudel s’est distinguée tout au long de ses études. Véritable passionnée d’ergonomie, elle reçoit à la maîtrise la bourse Hydro-Québec en design d’interaction. Au sein de l’agence, elle participe activement aux projets à titre de designer UX. Elle étudie de près l’interaction entre les humains et les machines et combine ces données avec la recherche pour créer des expériences pertinentes pour les utilisateurs. Claudel s’implique activement auprès de la communauté UX, elle a été conférencière à Women in Tech, HEC et Wordcamp MTL.