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les défis des rh | AIR FRANCE

 Air France : politiques et stratégies RSE

Des enfants à trottinette ou sur des trampolines dans les allées, des ballons de foot ou de basket qui roulent de-ci de-là… Le week-end, le premier magasin de Decathlon au Canada, ouvert printemps 2018 au sud de Montréal, prend des allures de cour de récréation géante ou de parc d’attractions pour les familles québécoises. Il faut dire que le point de vente consacre un quart de ses 6 000 m² à l’expérience client. On compte une quinzaine de zone de tests (golf, tir à l’arc, escalade etc.) ainsi... qu’un gymnase en accès libre avec des terrains de basket ou de badminton !

Dès l’entrée du magasin, se trouve aussi le foodtruck d’un torréfacteur local. Comble de l’adaptation : un accent a même été ajouté sur le "e" du logo Decathlon pour éviter l’anglicisme !

"On a pris un virage assez fort par rapport à ce que Decathlon fait aujourd’hui", confirme Tristan Vendé, l’un des premiers salariés arrivés sur place, en juin 2016, afin de comprendre le marché.

Premier groupe en termes de trafic international au départ de l’Europe, Air France KLM est un acteur majeur du transport aérien mondial. Air France-KLM relie les hommes, les économies et les cultures et a pour vocation d’être un vecteur de développement économique et de progrès social et environnemental.
La force d’Air France-KLM Canada ? Assumer ses responsabilités et agir pour concilier croissance, protection de l’environnement et engagement social. Le but est de créer de la valeur durable à long terme pour l’ensemble de ses parties prenantes.

Leur stratégie RSE est construite sur 4 piliers qui contribuent aux Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies :

- Environnement

- Expérience salarié

- Confiance et engagement client

- Valeur sociétale


La CCIFC a eu l’opportunité d’échanger avec Vincent Etchebehere, Directeur Général d’Air France KLM Canada, durant le Sommet Movin’On.

Air France KLM et RSE… Est-ce compatible ?

Absolument. Et cela est même encore plus important d’agir dans le domaine de la RSE lorsque l’on est une compagnie aérienne. La RSE est un engagement fort chez Air France KLM depuis de nombreuses années, que ce soit sur l’expérience employé, l’aide aux communautés et populations locales, l’engagement sur le développement durable ou sur la lutte contre le changement climatique.
Nos actions nous ont permis d’être reconnus comme un pionnier au niveau mondial car cela fait 14 ans que nous figurons en tête - ou sur le podium - du Dow Jones Sustainability Index (DJSI), qui référencie les entreprises engagées dans le développement durable par secteur d’activité.

Concernant Air France KLM Canada, la responsabilité en tant qu’employeur n’est pas nouvelle. Cela fait plusieurs années que nous sommes reconnus pour les services que déploient nos ressources humaines. Nous essayons depuis novembre de concilier davantage notre responsabilité en tant qu’employeur et celle en développement durable.
Nous avons lancé en interne un groupe de volontaires qui travaillent sur des actions concrètes pour réduire notre empreinte carbone. Ce qui est intéressant, c’est que tous les milléniaux de notre délégation ont intégré ce groupe spontanément et se sont montrés moteurs dans la mise en place d’actions. Il est encourageant de voir à quel point cette nouvelle génération est – à raison – sensibilisée à l’urgence climatique et à la nécessité d’agir immédiatement.


Assez concrètement quelles sont les actions qu’Air France KLM a mis en place ?

Nous agissons, de manière complémentaire, en interne et en externe. En interne, nous invitons nos employés à favoriser des modes de transports durables. Lorsqu’ils n’ont d’autre choix que de prendre l’avion, nous calculons désormais les émissions de CO2 de tous les voyages d’affaires de nos équipes et les compensons. Le principe de compensation permet de financer des projets de plantation d’arbres qui vont à terme capter dans l’atmosphère le même volume de CO2 qui aura été émis par le trajet en avion.

Cette action est doublement importante puisqu’elle nous permet de réduire l’empreinte carbone de notre organisation, et d’être crédibles lorsque nous invitons nos clients et partenaires à compenser eux aussi.

Une autre action lancée par nos employés a été d’adopter des pratiques plus écoresponsables : réduire la consommation de viande dans nos repas d’affaires et avec nos équipes, faire des économies d’énergies, nettoyer régulièrement nos boites courriels pour alléger nos serveurs, etc. Nous avons également ajouté aux deux critères traditionnels de sélection de nos fournisseurs - la qualité et le prix – une troisième considération : l’éco-responsabilité.


En externe il y a aussi plusieurs actions. Tout d’abord, nous proposons maintenant à nos voyageurs ce même principe de compensation. Les voyageurs ne sont pas encore assez au courant qu’ils peuvent facilement rendre leur voyage neutre en carbone. Il nous faut donc davantage communiquer à nos clients les possibilités qui s’offrent à eux de compenser leur voyage par des projets soutenus par Air France KLM.
L’une de nos priorités au Canada est de développer ce principe avec nos clients-entreprises. Lorsque l’on observe le schéma des compensations en France par exemple, on constate que 10% des compensations proviennent des individus, et 90% par des entreprises. L’enjeu majeur se situe donc au niveau des clients-entreprises. Nous soutenons des programmes de compensation carbone qu’il nous faut beaucoup mieux faire connaitre à nos clients-entreprises, et signer des accords avec eux pour rentre tout ou partie de leurs voyages sur Air France-KLM neutres en carbone.


Avez-vous également des actions menées sur les vols ? Sur la gestion des déchets ou autre ?

Le moyen le plus efficace encore aujourd’hui pour qu’une compagnie aérienne réduise ses émissions de CO2, est d’utiliser des avions modernes, moins consommateurs de carburant. Par exemple un A350 qui rentre dans notre flotte émettra entre 35 à 40% de moins d’émissions de CO2 par rapport à des avions de capacités similaires plus âgés.

Le deuxième pilier majeur est ce qu’on appelle l’efficacité opérationnelle c’est à dire le fait de réduire la consommation de carburant de chaque vol : en réduisant le poids des avions, avec des vaisselles, des plateaux repas et des sièges moins lourds, en ajustant en permanence le volume des prestations à bord, pour à la fois alléger l’avion et réduire les déchets. Enfin en optimisant la trajectoire de nos avions, et en réduisant la consommation de carburant pendant le roulage au sol – actions pour lesquelles nous collaborons avec une formidable Start Up française également présente à Movin’On, Open Airlines.

Enfin, le troisième pilier est la R&D. De nombreuses recherches montrent que d’ici 15 à 30 ans, la source la plus importante de réduction des émissions de CO2 pour l’industrie aérienne sera l’utilisation de bio-carburants. Hélas la production de bio-carburants réellement durables pour l’aviation est encore trop limitée aujourd’hui. Air France et KLM sont pleinement engagés avec des partenaires industriels pour l’accélération du développement notamment à travers la création d’une filière en France.


Y a-t-il des consensus entre les différentes compagnies aériennes pour le développement durable ?

Oui en effet et c’est formidable!
Il s’agit du programme CORSIA : Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation, mis en place par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale, ici a Montréal !
L’objectif est aussi simple qu’ambitieux : assurer pour l’aviation internationale une croissance neutre en carbone à partir de 2020 ; puis de réduire ces émissions à partir de 2035. A terme, le but est de diviser par deux l’empreinte CO2 de l’avion internationale par rapport à 2005. Déjà 80% des Etats de l’OACI se sont engagés à intégrer ce programme à compter de 2021.

Ce projet est fondamental. L’aviation représente aujourd’hui entre 2 et 2,5% des émissions de CO2 au niveau global. Le chiffre peut paraître faible. Toutefois, avec la forte croissance de la demande en transport aérien, si rien n’est fait d’ici 2050, ces 2% passeront à plus de 20%.
De fait c’est tout l’écosystème qui doit réagir et s’impliquer. Il s’agit là d’un projet aussi remarquable qu’absolument nécessaire.


Est-ce que Air France KLM adapte sa démarche RSE à chaque pays d’implantation, tous les pays n’ayant pas les mêmes politiques que la maison mère en France ?

Nous essayons de trouver une résonance dans nos actions et nos communications dans tous les pays où Air France KLM est présent. Au Canada, où la conscience environnementale est élevée, nous obtenons un soutien affirmé de nos initiatives. En Suède, nous avons ouvert une ligne entre Amsterdam et Vaxjo, qui est la plus verte de tout notre réseau car les opérations sont effectuées en utilisant du biocarburant et les déchets générés par Air France KLM sont revalorisés via des partenaires locaux.
En Espagne nos collègues ont lancé une belle opération auprès du grand public : pour chaque réservation effectuée, un arbre est planté. Cela peut paraitre simple, mais cela n’en est pas moins fort car la plantation d’arbres représente une des pistes les plus vertueuses pour l’environnement.


Un dernier mot ?

Air France Canada a une réelle volonté d’entrer en contact avec les entreprises clientes qui souhaitent compenser leurs voyages pour leurs collaborateurs.
Il y a deux grandes voies pour le faire : en finançant des projets de reforestation soutenus par Air France KLM, ou en se joignant à un programme lancé par KLM : Corporate Biofuel Program, qui permet de compenser tout en aidant à financer la production de biocarburants, sachant qu’il s’agit certainement du levier le plus important pour le futur en termes de réduction des émissions de CO2. Le biocarburant représente environ 80% d’émissions de CO2 en moins par rapport à du carburant normal. Aujourd’hui sa production est très limitée car il coûte 3 fois plus cher que du carburant classique. En moyenne le coût des carburants représente pour une compagnie 30% des dépenses et la plupart des compagnies aériennes ne sont pas encore prêtes à payer 3 fois plus cher leur carburant.
Des programmes comme celui de KLM permettent d’investir et d’accélérer la production et donc de réduire le différentiel de prix entre le carburant et le biocarburant.
Et depuis peu une très bonne nouvelle a été annoncée : en complément de la seule usine, située à Los Angeles, qui produit ce biocarburant actuellement, une autre usine va ouvrir et sera européenne ! Elle verra le jour aux Pays Bas en 2022 et KLM est partenaire de ce fantastique projet. Le biocarburant qui y sera produit sera 100% durable, puisque généré par les déchets des industries régionales. La production sera à terme 10 fois plus importante que celle d’aujourd’hui et représente donc un tournant majeur pour les années à venir.

Decathlon Canada ne donne pas de chiffres sur son activité jusqu’à présent mais affirme que "les feux sont au vert". Rappelons qu’à l’ouverture du magasin, le stock prévu pour trois mois est parti en seulement une dizaine de jours.


Samedi 27 avril 2019, l’enseigne a ouvert son deuxième magasin, au nord de Montréal, en attendant ceux du centre-ville, de Québec et d’Ottawa d’ici la fin de l’année.
"On est passé de 80 à 350 salariés en un an et on vise 900 d’ici fin 2019", prévoit Tristan Vendé.

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