LA DIPLOMATIE ÉCONOMIQUE FRANCE-CANADA

La diplomatie économique

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Accompagner les entreprises françaises dans leur développement international, promouvoir l’attractivité de la France et les investissements étrangers, développer le tourisme, faciliter les coopérations, ce sont autant d’enjeux essentiels de la diplomatie économique. 

L’exemple du Canada est significatif de ces enjeux.

La diplomatie économique est plus que jamais une priorité politique, en particulier depuis l’application provisoire de l’Accord économique et commercial global (CETA) en septembre 2017.

Cet accord  réaffirme l’importance d’une relation transatlantique forte entre le Canada et l’Union européenne, son 2ème partenaire commercial, la France étant son 9ème partenaire. L’année passée, nos exportations au Canada ont atteint leur plus haut niveau historique. Elles couvrent aussi une large gamme de produits allant de secteurs de pointe et à haut contenu technologique (l’aéronautique, la pharmaceutique) à des produits à forte valeur ajoutée et qui dépendent d’un savoir-faire reconnu (les produits agroalimentaires, les parfums et produits pour la toilette). 

Ces huit derniers mois, les exportations de la France à destination du Canada ont sensiblement progressé dans plusieurs de ces domaines. C’est un signal très positif.

L’application provisoire du CETA ouvre de nouvelles opportunités et je suis attentive en tant qu’Ambassadrice à ce que les missions de diplomatie économique conduites par notre réseau soutiennent la diversification des débouchés à l’exportation au Canada. Cet accord doit permettre à l’expertise française d’être reconnue dans d’autres secteurs, différents des traditionnels points forts de la France à l’exportation.

Madame Kareen Rispal au salon Movin’On 2018 à Montréal (© E. Cabouat)

Je pense notamment aux véhicules automobiles, aux matériels ferroviaires et aux produits du textile et de l’habillement qui représentent une plus faible part de notre commerce extérieur avec le Canada. Il existe un champ immense de déploiement dans certains secteurs. 

Les services de l’Ambassade sont mobilisés sur la promotion de l’accord en lien avec l’Ambassade du Canada en France, ainsi que les consuls généraux et nos partenaires à l’export, Business France, les chambres de commerce et d’industrie, les conseillers pour le commerce extérieur de la France. En France, les ministères compétents contribuent aux actions de promotion et d’information auprès des entreprises en régions, pour en attirer de nouvelles au Canada. 

La présence française au Canada est particulièrement dynamique

930 filiales d’entreprises françaises au Canada sont à l’origine de 100 000 emplois. Cette présence se structure, pour les start-up, autour de réseaux d’échanges et d’entraide, comme à Montréal avec la communauté French Tech. La France fait aussi preuve d’audace : si de grands groupes sont présents au Canada (Air Liquide, Michelin, Lafarge, Sanofi), les PME ne sont pas en reste pour franchir les frontières, créer et innover.

© Ecole Polytechnique/J. Barande

Ce qui attire nos entreprises au Canada ? La proximité avec le marché nord-américain, la priorité donnée par les gouvernements canadiens aux activités de R&D et à l’innovation, ou encore l’existence de pôles d’excellence et le développement facilité de partenariats industriels et technologiques. La majeure partie d’entre elles a fait le choix du Québec comme province d’accueil et dans une moindre proportion l’Ontario. Or d’autres grands centres de décision existent au Canada. Il appartient à notre réseau diplomatique de faire connaître la France et de développer nos positions auprès de nos interlocuteurs dans les autres provinces, en particulier celles plus à l’Ouest.

Et la présence canadienne en France ?

200 filiales canadiennes emploient 28 000 personnes sur l’ensemble du territoire dans des secteurs stratégiques dont l’aéronautique, le transport, les TIC, les énergies renouvelables, l’agroalimentaire. On dénombre 56 investissements canadiens en France en 2017, soit une augmentation de 23 % par rapport à l’année précédente. Le groupe canadien CGI, présent en France dans le secteur des logiciels et prestations informatiques, figure dans le top 10 des principaux investisseurs en Europe. La France n’est cependant que le 17ème pays de destination des investissements canadiens à l’étranger, ce qui doit nous inciter à redoubler d’efforts pour promouvoir encore l’attractivité française. 

C’était l’objectif du sommet de l’attractivité de la France, « Choose France », organisé au Château de Versailles en janvier dernier à l’initiative du président Macron, et auquel quatre entreprises canadiennes ont participé (CGI, Magna, Linamar et Transpod). 

Mais la diplomatie économique fait aussi partie intégrante de notre action dans les domaines culturel et scientifique. Elle est une composante essentielle de notre diplomatie d’influence, dont le but est de promouvoir l’image de la France à l’étranger.

Les communautés françaises à l’étranger jouent dans ce domaine un rôle essentiel. Les Français sont 150 000 à s’être établis au Canada et cette communauté a doublé en l’espace de quinze ans. Ils viennent étudier, travailler, enseigner… Nos concitoyens établis hors de France sont aussi des ambassadeurs pour notre économie et notre culture ; ils font vivre au quotidien notre diplomatie économique.

Nos huit établissements d’enseignement français au Canada contribuent également au rayonnement de la France : ils forment chaque année plus de 7 000 élèves, des élèves français expatriés mais aussi des ressortissants canadiens et de nombreuses autres nationalités. Les neuf Alliances françaises à travers le pays et le système de bourses universitaires sont aussi d’importants outils de notre influence. Notre langue, parlée par plus de 7 millions de personnes au Canada, sans compter de nombreuses personnes qui se déclarent bilingues, est un outil d’influence exceptionnel.

La France peut se prévaloir de quelques leaders mondiaux, dont Ubisoft dans le jeu vidéo qui a d’ailleurs ouvert récemment un nouveau studio canadien au Manitoba (en plus des quatre implantations existantes), et de coopérations importantes dans le milieu audiovisuel. Le Canada est notre 2ème partenaire avec 15,3 M€ investis en France en coproduction en 2016, et près de 8,5 M€ en achats de programmes audiovisuels. Au-delà des autres exportations françaises dans le domaine des industries culturelles et créatives (musique, littérature, design), nous travaillons au développement de coopérations pérennes avec le Canada dans les domaines de pointe des start-up culturelles et technologiques, par exemple dans le cadre d’Enterprising Culture ou Creative Lab North America, programmes d’accélération de start-up en partenariat avec Business France et l’Ambassade du Canada à Paris.

Tous ces exemples montrent les multiples facettes de la diplomatie économique. Ils montrent aussi combien la France et le Canada  entretiennent, à tous les niveaux, des liens étroits.

Façade de l’Ambassade de France à Ottawa

La France dispose d’un atout formidable au service de sa diplomatie économique : un réseau diplomatique mondial

La diplomatie économique relève en France d’une compétence partagée entre le ministère de l’Économie et des Finances et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Tous les services de  l’Ambassade de France à Ottawa sont associés à sa mise en œuvre : service économique régional, chancellerie politique, service de coopération et d’action culturelle et scientifique.

L’ambassade bénéficie en outre du soutien d’attachés sectoriels en poste à Washington venant régulièrement en mission au Canada (notamment conseiller agricole, conseiller nucléaire,  attaché douanier, représentant de l’INPI…). Elle peut également compter sur nos cinq consulats à Montréal, Québec, Toronto, Vancouver et Moncton, ainsi que sur la présence de proximité exercée par nos consuls honoraires. 

Enfin, le réseau diplomatique peut compter sur l’appui de partenaires privés, agences et chambres de commerce très dynamiques.

Le rôle central de Business France doit être à cet égard souligné. Business France est en charge de l’internationalisation de l'économie française et du développement des entreprises. Au Canada, ses équipes basées à Toronto, Montréal et Vancouver, accompagnent les entreprises françaises dans leur développement international. Ainsi, de nombreuses start-up telles qu’Ubitransport qui propose des solutions numériques pour maîtriser, sécuriser et optimiser les réseaux de transport, et Valotec à l’origine d’une application de santé mobile pour les adolescents atteints de diabète, ont pu s’appuyer sur son expertise. Chaque année, le French Tech Tour America organisé avec Bpifrance, prépare également des start-up françaises aux marchés canadien et américain des TIC. Les équipes de Business France promeuvent par ailleurs l’attractivité de notre territoire, afin notamment d’attirer les investisseurs étrangers. 

Les Chambres de commerce et d’industrie françaises au Canada, présentes à Montréal, Québec, Toronto et Dieppe, concourent également au développement des relations économiques entre la France et le Canada par l'animation de la communauté d'affaires française à l'étranger. 

Le réseau des Conseillers du commerce extérieur de la France au Canada compte 28 membres au Québec, en Ontario, en Colombie-Britannique et en Alberta, qui mènent à la fois des actions de conseil, de parrainage d’entreprises et de formation auprès des Volontaires internationaux en entreprise. Les réunions trimestrielles auxquelles nous participons en présence de Business France, sont l’occasion de confronter nos analyses avec ces cadres et chefs d’entreprises spécialistes de l’international et d’échanger sur nos expériences.

Citons aussi l’agence Atout France, responsable du développement du tourisme en France, premier contributeur de nos exportations de services vers le Canada avec plus d’un million de visiteurs canadiens accueillis chaque année.

Madame Kareen Rispal au salon Movin’On 2018, avec le responsable de la French Tech Montréal et deux entrepreneurs français (© E. Cabouat)

La diplomatie économique a donc un rôle stratégique

C’est d’ailleurs une des missions principales qui m’a été confiée par le Président de la République lors de ma prise de fonction d’Ambassadrice il y a plus d’un an.

Je suis très sensibilisée aux enjeux économiques et j’y consacre une grande part de mon activité, notamment à l’occasion de mes déplacements et de mes rencontres avec des officiels et des entreprises, par exemple lors de forums ou de salons.

J’ai ainsi participé pour la deuxième année consécutive aux rencontres professionnelles #1Ambassadeur1Entrepreneur lors de la Conférence des Ambassadeurs à Paris à la fin du mois d’août. Cette séquence consiste en des entretiens personnalisés entre des dirigeants de TPE et de PME et des ambassadeurs de différents pays, sur le format d’un « speed-dating ». Elle est l’occasion pour les entrepreneurs de présenter leur projet de développement à l’international. Cette année, le Canada était le deuxième pays le plus demandé après les États-Unis. Depuis l’entrée en application provisoire du CETA, j’observe que l’intérêt des entreprises en France pour le Canada croît. 

Je participerai par ailleurs, à l’automne 2018, à la 3ème édition du « mois de l’investissement en France » qui se déclinera à Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver. 

La diplomatie économique est donc multiforme. Elle est au cœur de mon mandat et anime au quotidien mon action et celle de mes équipes présentes sur tout le territoire canadien. Elle est une opportunité formidable de rapprochement entre nos deux pays, liés déjà par une profonde relation d’amitié.

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