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LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE  |  batinnovex

TRANSITION ÉCOLOGIQUE
ET ÉNERGÉTIQUE

VERS UNE TRANSITION SOCIÉTALE

Mickaël MICMACHER

Vice Président de Batinnovex

Représentant exclusif pour STEICO au Canada

Enjeu majeur pour les uns, fin du monde annoncée pour les autres mais aussi pur fantasme pour quelques-uns, la situation écologique est le sujet « chaud » du moment.

entrevue

Votre expertise dans le domaine de la transition écologique et énergétique acquise en Europe vous fait-elle dire : Il est déjà trop tard ?

Il n’est pas trop tard. Et pourtant, ma première réaction à votre question est de faire un pas en arrière et de m’assoir. Reprendre mon souffle quelques secondes…. Apprendre qu’une nouvelle espèce animale ou végétale disparaît toutes les 20 minutes ; que nous sommes entrés officiellement dans la 6ème extinction de masse depuis qu’elles ont débuté il y a 500 millions d’années (et la première depuis les dinosaures il y a 65 millions d’années)1 ; que notre planète perd presque 15 millions d’arbres chaque année dû à la déforestation humaine et qu’en 2016, près de 30 millions d’hectares de forêt ont disparu causé principalement par le dérèglement climatique et les sécheresses occasionnées (notamment El Niño). Pris comme cela tous ces chiffres donnent un peu le vertige. Ils sont tellement énormes qu’ils en deviennent abstraits. Ils sont non « compréhensibles » à notre propre échelle humaine. Ils donnent cette forme de dilemme : 15 millions d’hectares c’est comme la Belgique qui disparaitrait chaque année ; mais qu’en tant qu’individu, je ne peux pas sauver la Belgique. Certes. Mais, en mai 2016, à Fort McMurray au Canada, les flammes ont ravagé plus de 600 000 hectares et provoqué 8,8 milliards de dollars de dégâts. Cela représente 10% du budget 2017-2018 du Québec. Là cela devient tout à coup beaucoup plus « tangible ». Et c’est normal. Tout est question de point de vue, d’échelle. Il nous faut être capable de faire le pas de côté que j’affectionne et qui ouvre tant de perspective. 

Je vois dans nos implications « à notre échelle » l’action du colibri dans ce conte amérindien. Grâce à lui, le feu qui ravageait la forêt a été éteint. Parce qu’il a fait sa part. Qu’il a montré l’exemple de faire sa part. Que les autres ont suivi et fait la leur.

Vous êtes arrivé il y a quelques mois au Québec. Est-ce que votre expérience en France est un atout au Québec ? Et les situations de chacun des pays sont-elles comparables ?

Venir au Québec est une démarche engagée et volontaire. Je suis venu en famille pour des raisons tant professionnelles et que personnelles. Au cours des 18 dernières années, dans le domaine du bâtiment durable et de l’efficacité énergétique, j’ai créé IFECO, en 2007, l’un des principaux centres de formation professionnelle de ce secteur. Grâce à mon réseau de 300 formateurs et mes plateformes mobiles de formation technique étoffées avec de cours en e-learning, nous avons formé 15 000 installateurs/contracteurs (des artisans), 2 000 architectes et 2 000 ingénieurs. En parallèle j’ai été co-fondateur et président pendant 7 ans de la Fédération Éco-construire (sorte de syndicat représentatif des centres de formation professionnelle en éco-construction). Nous avons travaillé directement avec différents ministères sur les thèmes de la montée en compétence des cols bleus et des cols blancs, de l’intégration de la transition écologique et énergétique, de l’utilisation des matériaux bio-sourcés. Nous avons aussi été sollicités sur les évolutions de différentes réglementations. J’avais créé un leitmotiv : faire mieux avec moins tout en créant de nouvelles richesses. J’ai eu beaucoup de chance pendant ces années d’avoir pu apporter ma pierre à l’édifice. L’empilement de réformes et de contre réformes ainsi que la vision monolithique « analyse du problème » sans chercher les « solutions possibles » ont fini par m’épuiser.

J’ai identifié le Québec comme une terre de défis et d’innovation. Un espace où la « vision solution » est dans l’ADN même des Québécois. La compréhension des enjeux liés à la transition écologique et énergétique est totalement différente. Principalement parce que nos réalités et nos contraintes sont différentes. 

Sur le vieux continent, nous focalisons sur les origines de la production d’énergie (fossiles, nucléaire, renouvelables), leurs usages et les GES (Gaz à Effet de Serre), les productions industrielles, la ressource eau, la gestion des déchets, les produits phytosanitaires, les aspects sociétaux (le mouvement des Gilets Jaunes étant un pêle-mêle de revendications et de solutions parfois contradictoires).

Au Québec, nous focalisons sur les actions qui soutiennent l’économie et l’emploi. Le pragmatisme et les enjeux sont lus à travers ce prisme. Ce qui est nouveau : le mouvement citoyen du PACTE. Il a surpris par sa mobilisation dans les rues et dans le nombre de signataires dont je fais partie. La société bouge plus vite que nos politiques. Des solutions simples et lisibles sont demandées et attendues. Je souhaite participer à la hauteur de mes moyens dans le Québec d’aujourd’hui.

« Pour compléter, je peux vous donner quelques chiffres officiels de la situation qui montrent notamment que le Québec est plus préoccupé par l’Industrie et le Transport (surtout routier) et la France par le Bâtiment et le Transport »

Revenons sur le secteur du Bâtiment. Qu’est ce qui est prioritaire dans la démarche de transition écologique et énergétique ? Quelle solution existe déjà mais pas encore assez utilisée ?

Pour revenir sur le secteur du Bâtiment que je connais le bien, lorsqu’on parle de transition écologique et énergétique, le premier sujet abordé est : l’énergie (laquelle, la modalité de production, le coût).  Cette première intention est normale car nous connaissons tous ce que nous payons en facture d’énergie. Aussi, proposer des solutions sur la consommation d’énergie vient en premier. C’est hélas oublier l’adage qui indique que la meilleure énergie est celle que nous ne consommons pas. C’est tellement fort de bon sens. Cela veut dire que nous devons considérer l’énergie à la toute fin de la réflexion. En neuf ou en rénovation. Une fois que le conseil, la conception bioclimatique, le choix des matériaux sont réalisées. Et c’est seulement après ces étapes que nous abordons l’énergie : choix des appareils, des puissances, des approvisionnements, des coûts. En effet, les premières actions citées peuvent générer de 40 à 80% de réduction de consommation d’énergie (chauffage, ventilation, éclairage et électroménagers) mais aussi une baisse du coût de matériels. En effet, un bâtiment isolé plus efficacement nécessitera une unité de production moins puissante donc moins dispendieuse à l’achat et à l’usage. Et c’est à ce moment du projet que nous pouvons aussi choisir une production par Energie Renouvelable. Le cercle vertueux est enclenché.

Le secret est de prendre en point de départ le CONFORT de l’occupant ou de l’usager (selon le type de bâtiment). C’est la recherche de confort que nous avons tous en commun. 

Pour contribuer significativement à ce confort, faisons un focus sur l’isolation et l’étanchéité à l’air. 

En effet, trop de bâtiment se rénovent ou se construisent en tenant ces deux points comme standards. Or, il est fondamental de faire son choix de solution d’isolation avec des critères basés sur : 

  • La résistance thermique
  • L’inertie, la masse volumique, le déphase thermique
  • La diffusion de la vapeur d’eau
  • L’isolation acoustique 

Et bien sûr : 

  • La technique de pose : extérieure, intérieure, répartie
  • L’étanchéité à l’air (membranes et adhésifs adaptés)

Au moins 80% des maisons sont bâties avec des structures bois mais utilisent des solutions d’isolation base pétrole. Or, elles sont peu efficaces en termes d’inertie, de déphasage, de diffusion à la vapeur d’eau et d’isolation acoustique. Cela entraîne de nombreux désagréments mais aussi des consommations supplémentaires d’énergie comme la climatisation qui devient presque obligatoire. Le choix d’une solution d’isolation en fibres de bois est une véritable solution pour améliorer significativement la consommation d’énergie dans un bâtiment. Et surtout : le confort. STEICO propose des solutions d’isolation à base de fibres de bois. Ils m’ont offert d’être leur distributeur et de structurer la filière au Canada.

Et cerise sur le gâteau, une fois les volumes nécessaires atteints, STEICO est prêt à envisager la création de lignes de fabrication au Québec. Ainsi, cela se traduira aussi par de la création d’emplois locaux et à valeur ajoutée pour conquérir le Canada. De belles perspectives pour les années à venir et nous travaillerons fort pour y arriver. Pour cela, j’ai créé BATINNOVEX (Bâtiment Innovation Experts) qui vient en conseil et soutien aux entreprises qui veulent commercialiser les produits innovants au Canada et/ou en Europe. J’interviens aussi comme expert, conférencier et formateur en construction durable et efficacité énergétique.

1. Sources : Rapport pour une planète vivante du WWF, Liste rouge de l'UICN, revue scientifique PLoS Biology, Comptes rendus de l'Académie nationale des sciences des États-Unis, CBD, Groupe d'étude de l'économie des écosystèmes et de la biodiversité (TEEB).

2. Sources : Ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles et Statistique Canada (chiffres 2013) et ADEME France (chiffres 2015)

3. Sources : http://www.environnement.gouv.qc.ca/changements/ges/
2016/inventaire1990-2016.pdf
(chiffres 2016); et http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/indicateurs-indices/f/2082/0/emissions-gaz-effet-serre-secteur-1.html

Mickaël MICMACHER

Depuis 2018

  • Vice Président BATINNOVEX (Montréal) : conseil, expertise, formation et distribution transatlantiques en matériaux et équipements innovants dans la construction durable et l’efficacité énergétique.
  • Représentant exclusif pour STEICO au Canada. Solutions d’isolation en fibres de bois.


Avant 2018

  • Fondateur et Directeur Général d’IFECO (Institut de Formation à l’éco-construction)
  • Co-fondateur et Président de la Fédération Éco-construire (syndicat)
  • Lauréat du 1er prix Développement Durable Région Midi-Pyrénées pour la formation e-learning « construire sa maison écologique »
  •  Formateur référent en « Bâtiments Performants » programme Praxibat de l’ADEME - (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) – organisme ministériel
  • Formateur agréé au national en « approche globale de la rénovation énergétique »


Mickaël Micmacher est fièrement membre de la CCIFC. Vous pouvez le rejoindre sur batinnovex.com, sur Linkedin ou sur Facebook

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